Corres avec le Liban

Guerre civile entre 1975-1990

Correspondance par cassettes.

France-Liban - classes de cinquième.

Correspondance entre les classes de collège de 5ème du lycée franco-libanais de Beyrouth et de Beaucourt (90). Ces échanges de cassettes se sont effectués pendant la guerre civile (1981-82) grâce à l'ambassade de France au Liban qui a répondu favorablement à notre demande d'utiliser exceptionnellement la valise diplomatique, les courriers postaux ne passant plus. Cette autorisation ne durera pas. La correspondance sera de ce fait interrompue.

Les cassettes réalisées en France n'ont pas été dupliquées.

Le lycée de Beyrouth était situé dans la partie chrétienne au centre de la ville. Il comprenait une annexe à Jounieh, à 20 km au nord de Beyrouth, ville refuge dans la montagne, pour les chrétiens maronites pendant la guerre civile. Le public du lycée français (du CP au baccalauréat) réunit aussi bien des enfants de diplomates (un enfant revient du Canada) que de la population qui a gardé des liens avec la France ou avec les pays d'Afrique francophone, dans lesquels les Libanais détiennent des commerces qu'on pourrait présenter comme des ancêtres des supermarchés : on y trouvait aussi bien de la nourriture que des vêtements et divers objets utilitaires.

Il est utile sans doute de rappeler qu'à la suite de la chute de l'Empire Ottoman le Liban sera entre 1920 et 1943 sous protectorat français, au nom de la Société des Nations, officiellement pour préparer son indépendance. Cela explique les nombreux liens avec la France. Ont alors été définies ses frontières, avec pour objectif de garantir une majorité chrétienne, frontières qui feront objet de contestations par la suite, en particulier par les Syriens.

Ce pays a été une terre de refuge depuis la plus haute antiquité et plus récemment, pour la période qui nous intéresse, aussi bien pour les Arméniens en 1915, pour les Palestiniens à partir de 1969, que pour les Syriens aujourd'hui estimés à 1,5 millions de réfugiés pour une population de 4,1 millions de Libanais. On peut dire que depuis l'indépendance, vivaient quasi en bonne entente, Chrétiens maronites, Musulmans druzes, sunnites et chiites, malgré la corruption dans les plus hautes sphères de l'État. Au Sud 120 000 Palestiniens : les réfugiés ayant fui Israël en 1949, puis ceux de l'OLP vingt ans plus tard, rejoints en 1970 par les expulsés de Jordanie (Septembre Noir). La crise politique libanaise commence cette année-là.

Le 13 avril 1975, fusillade de Aïn el Remaneh où 4 Chrétiens sont tués par des inconnus. En représailles les milices Chrétiennes attaquent un autobus et font 27 morts palestiniens. La guerre civile commence. L'année suivante l'armée Syrienne vient appuyer les Chrétiens contre les Palestiniens, approuvée par USA, Jordanie et Israël et condamnés par les pays arabes. L'Égypte fera changer de camp la Syrie à partir de 1978 tandis que l'État d'Israël en profite pour occuper le sud du Liban, et pour bombarder les camps palestiniens à partir de 1982.

Lorsque commence notre correspondance, les enfants ont l'impression que la guerre dure depuis dix ans. La confusion est alors totale, chaque fraction, y compris au sein des communautés religieuses elles-mêmes, alimentant des milices qui se combattent et changent facilement de camp.

Cette guerre, les collégiens qui tentent de la décrire pour nous, ils la subiront jusqu'en 1995. Elle fera, au minimum, 150 000 morts parmi les civils. Quelles familles n'ont pas été touchées dans ce petit pays ?

Cet échange est un peu un pari qui résulte d'un choix entre les enseignants Jean-Marc Héry, qui rentrera en France l'année suivante, en fin de contrat, et Moi-même.

Les cassettes audio ont été numérisées et ici simplement nettoyées et étalonnées. J'ai fait le choix délibéré de conserver la chronologie dans chaque enregistrement. En effet un remontage aurait masqué le cheminement de la pensée de chacun des enfants et l'acheminement progressif vers une écoute des autres.

Les enfants se présentent.